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L’artiste Stefanie ZOCHE, invitée par le collectif « L’île d’en face », présentera Hybrid Modernism du 16 mars au 21 avril 2018.

La galerie Confluence est heureuse de donner carte blanche au collectif nantais L’île d’en face en leur confiant le commissariat de cette exposition.

L’île d’en face est une association de commissariat d’exposition engagée dans la production et la diffusion de la création contemporaine et composée de Laura DONNET, Chloé BEULIN et Antoine BERTRON.

Depuis 2015, le collectif construit une réflexion ouverte sur les pratiques artistiques actuelles et ses modes de pensée par l’organisation d’expositions, la rédaction de textes critiques, la mise en place de projections et de débats. L’île d’en face s’envisage comme un laboratoire vivant et en construction, souhaitant explorer par le biais des arts visuels certaines problématiques liées aux effets de la globalisation : géopolitique, questions territoriales, environnementales et sociales. Dans ses projets curatoriaux, L’île d’en face privilégie une approche interdisciplinaire et souhaite faire dialoguer les arts visuels avec d’autres champs de recherches des sciences et des sciences sociales et humaines

Artiste de terrain, Stefanie Zoche développe un travail hétérogène de photographies, de vidéos et d’installations s’attachant à révéler certains aspects de l’histoire de nos sociétés contemporaines : problèmes environnementaux, enjeux de pouvoirs politiques et constructions culturelles.

Les deux séries photographiques ainsi que la vidéo présentées pour l’exposition Hybrid Modernism ont été réalisées au cours de trois voyages en Inde aux côtés de l’artiste Sabine Haubitz entre 2010 et 2014.

La première, Movies Theaters , présente un certain nombre de petits cinémas construits des années 1950 à 1970 dans les cinq principaux États du Sud de l’Inde, en ville comme à la campagne. Érigés dans les années qui ont suivi l’indépendance de l’Inde le 15 août 1947, ces bâtiments sont un mélange hétéroclite et surprenant d’influences architecturales provenant à la fois des cultures locales et occidentales.

La série Churches fait elle aussi état de cette hybridation transparaissant cette fois-ci dans le style des églises de ces mêmes régions. Empruntant à l’univers du cinéma son pouvoir de fiction, les façades colorées semblent être tout droit sorties de décors en carton-pâte hollywoodiens. Leur langage formel s’inspire de l’esthétique moderniste du Corbusier. Lignes épurées et minimalistes, formes géométriques et fonctionnalité dessinent les corps de ces bâtiments. Mais certains éléments antinomiques (couleurs vives, décorum etc.) viennent contredire la grammaire architecturale stricte de ce mouvement. On retrouve ainsi des motifs comme l’arabesque et la volute, éléments caractéristiques de l’Art Nouveau. Ce mélange des genres s’apparente à une forme de créolisation. La réappropriation de certains codes par une nation longtemps colonisée par l’empire britannique témoigne de sa volonté de s’affranchir de son joug en donnant notamment naissance à un langage architectural unique et insolite.

La profusion de ces cinémas dans le sud de l’Inde témoigne de l’importance majeure de la culture cinématographique dans tout le pays. Les studios de Bollywood ne sont qu’une partie de l’immense réseau de production de films indiens. Environ 1200 films sont produits chaque année dans le pays et aujourd’hui, la moitié d’entre eux émane des quatre grands studios de production situés dans les États du sud. C’est dans cette partie du pays que l’on trouve le plus grand nombre de cinémas. Historiquement, ils sont souvent la propriété d’une famille ou d’une seule personne et ne disposent que d’un seul écran de projection. Installés la plupart du temps dans les quartiers les plus commerçants et dynamiques, ils sont des lieux de rencontres situés aux coeurs des villes et des villages. Progressivement, ces espaces sont devenus de véritables «lieux de culture publique» (Rohan Shivkumar), où se rencontrent les différentes classes sociales, des plus aisées aux plus modestes, mais également les différentes castes, religions et sexes sans distinction.

Les tarifs peu élevés des entrées encourageaient cette mixité sociale, ces espaces devenant alors le microcosme d’une nation cosmopolite où chacun était en mesure de trouver sa place. Mais à l’aube des années 2000, ces cinémas ont peu à peu commencé à décliner. L’arrivée du satellite et de la télévision par câble a entraîné une baisse de leur fréquentation. Le coût peu élevé des tickets, la hausse des frais de gestion et le manque d’aides financières a fragilisé leur système économique, phénomène intensifié par l’arrivée des cinémas multiplexes.

Galerie Confluence
45, rue de Richebourg
44 000 Nantes
du mercredi au samedi de 15H à 19H
VERNISSAGE le jeudi 15 mars, à partir de 18h30 en présence de l’artiste
Expo du du 16 mars au 21 avril 2018